livre: guide de compréhension des trouble dys et d’aménagements pédagogiques

source: apprendre réviser mémoriser

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Avoir du mal à lire et à écrire dans une société où toute la scolarité passe par la lecture de textes et la rédaction, être dyslexique, dyspraxique, dysphasique ou avoir du mal à se concentrer, est un véritable obstacle pour donner à voir son plein potentiel.

Pourtant, ces enfants sont intelligents. Heureusement, l’échec scolaire n’est pas une fatalité ! Grâce aux dernières avancées des sciences cognitives, on sait mieux aujourd’hui comment le cerveau apprend et on peut aider les élèves en difficulté, grâce à une meilleure compréhension de leurs troubles.

Ce livre, dédié aux enseignants et aux parents, présente les concepts permettant de mieux penser les mécanismes en jeu, lors des apprentissages et propose des solutions concrètes pour aider les enfants touchés par les troubles des apprentissages.

L’auteur : Polytechnicien, Hervé Glasel est neuropsychologue, spécialiste du développement de l’enfant et de l’adolescent. Il anime les écoles du Ceréne (Centre de référence pour l’évaluation neuro-psychologique de l’enfant), dédiées aux enfants présentant des troubles des apprentissages.

Les points forts

Ce livre, résolument positif et optimiste,  mêle à la fois théorie et pratique pour comprendre et accompagner les enfants en difficulté à l’école, à travers des éléments issus des recherches de l’auteur, neuropsychologue du développement, et des applications de ces recherches autour des causes neurologiques des difficultés scolaires.

Hervé Glasel illustre ses propos par de nombreux exemples d’enfants dys qu’il a accompagnés et suivis. L’auteur rappelle que les enfants font de leur mieux et insiste sur les difficultés qu’ils rencontrent ainsi que les souffrances occasionnées.

Être dyslexique ou dyspraxique est un véritable obstacle pour donner à voir son plein potentiel. Comment juger de ce que ces enfants sont capables de faire ? Comment réussir des examens quand on a du mal à lire les consignes ? Comment s’y prendre, alors qu’on sait ce qu’il faudrait dire ou faire, mais qu’on ne dispose pas des outils pour en apporter la preuve ? C’est à un point qu’on a l’impression de ne plus rien savoir, qu’on ne peut plus mobiliser ses connaissances car on n’a pas les outils pour le faire savoir. – Hervé  Glasel

Ce livre s’articule autour de 5 grands chapitres :

  1. Détecter
    • Les enseignants aux premières loges
    • Les parents sont le experts de leurs enfants
    • Parents et enseignants, se parler
    • Choisir le bon professionnel pour poser le diagnostics
  2. Dépister
    • Les fonctions modulaires du cerveau
    • La lecture
    • Les émotions
    • Un trouble peut en cacher un autre
  3. Comprendre
    • Une tâche apparemment simple qui s’avère complexe
    • De nombreux pièges cognitifs
    • Objectifs pédagogiques et objectifs cognitifs
    • Les doubles tâches et les tâches multiples
    • L’enfant en difficulté est constamment en double tâche + exemples de double tâche
  4. Contourner
    • Passer par la voie la plus efficace
    • L’enseignant “chercheur”
    • Quand la forme masque le fond
    • Accéder au contenu sans être gêné par la forme
    • L’aide individuelle aux enfants en difficulté
    • Quand une exigence apparemment accessoire devient le problème principal
    • Le mythe de l’autonomie
  5. Adapter
    • Sans adaptations appropriées, le risque d’une scolarité chaotique
    • Le principe d’accessibilité scolaire
    • Dès règles simples de présentation
    • La formulation des contenus
    • Les apports des technologies d’assistance

Les principes généraux qui y sont décrits, de la prise en charge et des adaptations pédagogiques nécessaires auprès de ces élèves (dyslexiques, dyspraxiques, dysgraphiques, dyscalculiques, dysphasiques), ont pu être mis en œuvre, testés et validés dans le laboratoire de Hervé Glasel. Ils visent à éviter aux enfants dys frustration mais surtout souffrance et les adultes de tous bords, parents, enseignants et professionnels de la rééducation, pourront s’en saisir.

Par exemple, Hervé Glasel explique les difficultés rencontrées par les élèves dysphasiques. La grande difficulté de l’enfant dysphasique est d’être en quelque sorte “étranger à sa propre langue”. Pour mieux comprendre ce que vit un enfant dysphasique, il est possible de faire le parallèle avec l’apprentissage d’une langue étrangère : nous pouvons être très à l’aise et pertinents dans notre langue maternelle, mais avoir nettement plus de mal à mobiliser des idées intéressantes dans une langue étrangère (sauf éventuellement dans notre domaine d’expertise pour lequel le stock de mots nécessaires est connu et aisément accessible, car utilisé tout le temps). De ce fait, bavarder pour le plaisir de la conversation est laborieux, la mémoire est limitée. Bref, nous ne sommes pas vraiment « nous-mêmes », avant d’avoir un certain niveau de fluidité et d’aisance, de telle sorte que la mise en mots de la pensée puisse être immédiate, sans passage par notre langue maternelle et sans nécessité d’une traduction intermédiaire. On ressent bien qu’à ce moment-là les idées sont disponibles, mais pas les mots. C’est exactement ce que ressent l’enfant dysphasique.

Les enfants en difficultés n’ayant pas automatisé certains traitements (lire, écrire…) sont le plus souvent soumis à des tâches multiples : dissocier les tâches et réfléchir aux objectifs pédagogiques est donc fondamental pour eux.

En effet, les capacités attentionnelles de tous les élèves sont limitées. Personne ne peut faire un nombre infini de choses à la fois parce que des traitements nouveaux et sophistiqués, non automatisés, saturent les capacités d’attention.

Ce phénomène de saturation est lié aux situations de doubles tâches dans lesquelles les élèves sont débordés par des tâches simultanées. Heureusement, cet “embouteillage” ne se produit pas tout le temps. Le phénomène de saturation ne se produit que lorsque la ou les tâches sous-jacentes ne sont pas (encore) implicites (et donc réalisées de manière automatisée).

Hervé Glasel donne de nombreux conseils pour des aménagements pédagogiques : par exemple, l’importance d’appliquer un interlignage aéré (1,5) et de justifier les textes à gauche seulement pour faciliter la lecture aux enfants dyslexiques. Tout ce qui participe à une présentation épurée des supports pédagogiques permet une meilleure accessibilité du contenu pour l’enfant dyslexique. Hervé Glasel propose d’autres règles simples de présentation pour soulager la lecture des enfants dyslexiques :

  • éviter l’effet de densité de l’information dans la page à travers l’empilement sur un espace étroit de trop d’éléments à traiter,
  • prévoir une police de taille suffisante (16 à 18) pour rendre les caractères saillants et bien contrastés,
  • renoncer aux italiques, qui modifient trop l’aspect visuel des caractères,
  • choisir des polices standard (car elles ne demandent pas à traiter des caractères inhabituels) ou une police spécialement adapté aux dyslexiques (tel que Open Dyslexic),
  • proposer des marqueurs visuels simples et toujours identiques (par exemple, les titres pourront être systématiquement en rouge),
  • surligner les mots importants en jaune (le contraste noir sur jaune est meilleur pour la rétine que le contraste noir sur blanc).

Hervé Glasel s’adresse aux enseignants en rappelant l’importance d’analyser leur objectif pédagogique d’une part et leur objectif cognitif d’autre part :

– que veut-on que l’enfant maîtrise à la fin de la leçon ?

– sous quelle forme est-il possible de le présenter ? (par exemple, production d’écrit tapée à l’ordinateur pour les enfants dysgraphiques).

Avec bienveillance Glasel invite les enseignants à se demander : l’enfant a-t-il échoué du fait du contenu des apprentissages, ou de leur présentation instrumentale ? Par exemple, quand on demande à un enfant dyspraxique  d’entourer des lettres, il aura du mal à réaliser des cercles corrects. L’élève aura beau s’appliquer, ses ronds seront irréguliers. Il se concentre, mais l’aspect est décevant. Dans ce travail, il finit par s’inquiéter beaucoup plus de cette partie de la tâche que de celle consistant à reconnaître les lettres.

Ainsi, Hervé Glasel propose une analyse des mécanismes cognitifs bien préservés chez les élèves avec troubles de l’apprentissage permettant de mettre en place des stratégies de contournement efficaces. Il invite les adultes (parents, enseignants, professionnels de l’accompagnement…) de s’appuyer sur les compétences de l’enfant, en évitant de trop solliciter les fonctions plus fragiles.

Les enfants dys nous interrogent : pourquoi présenter les contenus des apprentissages sous telle ou telle forme, si cela éloigne de l’objectif pédagogique et rend le succès moins sûr ? Cette question, nous pouvons aussi nous la poser dans un contexte plus global, et pourquoi pas, généraliser les adaptations inspirées de l’analyse cognitive des apprentissages au bénéfice du plus grand nombre. Au lieu de réserver un parcours à part, différent, « adapté » à un enfant en particulier, l’ensemble des principes qui devraient présider à l’élaboration et la transmission des savoirs aurait vocation à être appliqué à tous les publics, puisque c’est ainsi que le cerveau apprend le mieux. – Hervé Glasel

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Une école sans échec : l’enfant en difficulté et les sciences cognitives de Hervé Glasel (éditions Odile Jacob) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.