source: hoptoys
Le programme de massage à l’école de l’association MISA : un moment simple de détente ou une véritable technique d’apprentissage et d’inclusion ? Nous avons échangé avec des membres de l’association pour en savoir plus.
MISA, c’est quoi ?
L’association MISA (Massage In Schools Association) a été créée en 1999 par Mia Elmsäter et Sylvie Hétu, qui sont issues du monde de l’éducation. L’association, qui compte plus de 800 membres, est présente dans une trentaine de pays, et porte un discours construit autour du développement sain et de la bienveillance dans 1300 écoles du monde entier. Elle a pour but de promouvoir les massages entre enfants dans les salles de classe. Le MISP (Massage In Schools Program) est le programme grâce auquel les enfants vont apprendre à se masser les uns les autres. Perrine de l’équipe Hop’Toys a participé à une séance de massage en famille, elle nous en a dit des merveilles. Nous avons donc contacté des membres de l’association afin d’en savoir plus.
Des bienfaits et des règles
Ces massages entre enfants ne prennent que quelques minutes par jour, mais apportent énormément à l’enfant et à sa famille. C’est l’occasion d’instaurer un échange dans les salles de classe et à la maison. L’objectif du massage est de créer un moment convivial de détente, dans la joie et le respect, ainsi que de proposer à l’enfant une autre façon d’apprendre. Les émotions et les valeurs partagées vont se retrouver le soir puisque les enfants partagent avec leur famille ce qu’ils ont vécu.
Les bienfaits de ces massages sont nombreux. Les enfants, comme les adultes, sont de plus en plus stressés. Grâce à ces massages hebdomadaires, ils retrouvent des moments de sécurité, de calme, de ressourcement. Un climat paisible et respectueux dans la classe facilite l’apprentissage et permet un réel développement de l’enfant qui est plus concentré. Grâce à un langage imagé, les mouvements s’apprennent plus facilement et le système nerveux de l’enfant fonctionnera mieux. Une meilleure connaissance de soi et des autres favorise aussi l’empathie et donc la diminution des violences. Il est important de noter que l’aspect kinesthésique de l’apprentissage (c’est-à-dire par le toucher) est un facteur privilégié et incontournable pour les enfants.
Quand on touche un enfant de façon bienveillante, cela crée des hormones et participe au développement d’un système nerveux harmonieux – Sophie Colombié
Des règles précises sont instaurées dans chaque classe. Les enfants se massent réciproquement. Pour les guider, l’instructeur montre les mouvements, soit dans l’espace, soit sur un autre adulte (volontaire). Le massage se pratique sur les vêtements. Les enfants se demandent la permission avant de masser, et se remercient après le massage. Les zones massées sont les épaules, le dos, la tête, les bras et les mains.
Handicaps et massages
Ces massages à l’école peuvent-ils être organisés avec des enfants porteurs de handicap ou de troubles ? Est-ce que les avantages éducatifs et relationnels sont conservés lors de ces séances dans des classes ULIS ou dans des classes accueillant des enfants porteurs de handicap ? Qu’en est-il de l’inclusion et de la relation entre les enfants et avec les adultes ?
À Toulouse, Sophie Colombié, instructrice chez MISA France et professeure de yoga prénatal et postnatal, a introduit la Routine dans 11 classes d’une école primaire. Dans cette école, une classe ULIS accueillait à ce moment-là un garçon avec autisme, deux filles porteuses de trisomie 21 et trois garçons avec des troubles de l’apprentissage, des troubles des fonctions cognitives et une déficience intellectuelle. Avec l’aide de l’équipe pédagogique, l’instructrice a adapté le MISP et les règles pour intégrer ces enfants dans le cercle vertueux du massage bienveillant. Pour qu’ils puissent profiter des bénéfices du massage, il a fallu parfois prendre plus de temps pour apprendre la Routine (les mouvements à réaliser). Pour l’enfant porteur d’autisme, il a été nécessaire d’attendre quelques séances afin qu’il soit plus en confiance. Karelle Dixneuf, instructrice chez MISA France, a indiqué qu’un jeune autiste a besoin de la présence de sa maman pour participer. Un autre élève, aux mouvements “trop brusques”, a pu être massé sans problème, mais faisait les mouvements sur un coussin quand venait son tour de masser. Quand certains élèves s’endorment, “ce sont eux qui commencent la séance dans le rôle du masseur”.
Les bienfaits sont encore plus importants pour ces enfants aux besoins particuliers puisque, bien loin de créer une barrière entre les enfants, le massage est une énorme opportunité pour eux de s’intégrer. Les enfants, porteurs de handicap ou non, ne font pas attention au handicap, ils massent et voient le bien-être qu’ils se donnent mutuellement. Avant la visite de Sophie, pour une petite fille hémiplégique le corps était une souffrance. Au fur et à mesure des séances, cette petite fille a pris plaisir à apporter du bien-être. Elle était heureuse et travaillait en binôme comme tous les autres. Pour chaque enfant exceptionnel, les instructeurs et les instructrices de MISA ont trouvé une façon d’adapter le programme du massage.